This is an essay I wrote in French some time during November, but I have been sitting on it for a while. The English translation follows after the original.
Malgré son expérience coloniale sous la France, le Cambodge n’est pas un pays francophone. Ce n’est pas une opinion ; c’est une conclusion fondée sur mes observations et sur les conversations personnelles que j’ai eu pendant les quatre derniers mois. Avant d’arriver en ce pays, j’avais espéré trouver la même influence française qu’on peut trouver en Afrique et en Amérique du Nord. Malheureusement, l’histoire de la région dite « l’Indochine » après la fin de la colonisation française est plus violente, brutale, et longue que celle des autres anciennes colonies de France. Vietnam a fait une guerre de libération aux Français, et une guerre de conquête aux Américains. Cambodge a souffert d’une guerre civile pendant trente années entre les armées de Lon Nol, des Khmer Rouges, et du Vietnam. Pendant le génocide entre 1975 et 1979, les Khmers Rouges ont détruit le système de l’éducation française qui avait été organisé par le roi francophone Sihanouk. Le nouveau régime a exterminé tous les instituteurs, professeurs, et intellectuels, et une personne francophone était considérée pendant cette période comme un ennemi de la classe ouvrière. En conséquence, les survivants ont oublié le Français pour s’échapper à la mort. L’oncle de ma famille d’accueil à Kampong m’a dit pendant le festival de Pchum Ben, « Pendant le génocide de Pol Pot, j’étais un homme ignorant. Si personne me demandait de parler français, je dirais ‘Ah ché’ (je ne peux pas). » C’était la réalité pendant les années de la terreur.
La jeune génération du Cambodge d’aujourd’hui n’a aucune mémoire des Français ni des Khmers Rouges. En général, l’influence de la culture française se dévoile en deux façons. La première est évidente pour le voyageur ordinaire, parce qu’elle est un symbole familier de la cuisine et de la culture française. C’est la baguette. Les Français ont donné la recette pour fabriquer la baguette aux Cambodgiens, et maintenant les Cambodgiens vendent ce pain chaque jour dans le marché de chaque village ordinaire. Ces petits morceaux de pain ne sont pas délicieux comme le pain que jadis j’ai gouté à la boulangérie « Au Vieux Moulin » (14ième arrondissement, rue Daguerre), mais c’est parfois un plaisir de les manger.
L’autre manifestation de l’influence française existe dans le langage Khmer, mais ceci n’est pas évident à prime abord. Le mot barang signifie littéralement « personne française » (par rapport au mot persan « firengi » signifiant « français ») mais de nos jours les Cambodgiens utilise ce mot pour identifier toutes les personnes qui ont le visage blanc. Par exemple, un barang est un Français, un Américain, un Australien, un Allemand, etc. Quand je vais à bicyclette dans le village, les petits-enfants crient « Oooh ! Barang chi cong ! Barang Chi Cong ! » (Il y a un homme français qui va à bicyclette !). Il y a des autres mots français que les Cambodgiens ont adoptés en Khmer (valise, carotte, pain, remorque), mais le mot barang est vraiment un symbole permanant de la présence européen ici.
J’ai l’occasion parfois de rencontrer des personnes francophones, mais ce plaisir est extrêmement rare. La première fois que j’ai rencontré un Cambodgien qui parlait français, je faisais le linge à la main en face de ma maison à Kampong Tralach. Un vieil homme portant un chapeau militaire m’a approché et il m’a demandé si je parlais français. J’ai répondu, « Oui monsieur », et il m’a dit « Oh, j’étais dans la militaire française en 1954. » « Oh… » j’ai dit. Il est parti après l’échange, et j’étais choqué. Mes amis américains qui parlent français m’ont dit que les Cambodgiens francophones sont toujours d’un certain âge, et qu’ils n’ont pas parlé français pendant les trente ans de guerre.
Quand j’ai besoin d’aller à la PTT et de manger un hamburger, je quitte mon petit village et je pars pour la ville de Siem Reap. Selon André Malraux en 1930, « Cette petite ville située dans la province du même nom, se trouve à quelques kilomètres des ruines d’Angkor. » Maintenant la ville n’est plus petite parce que l’industrie de tourisme l’a transformée en centre d’affaires. On peut trouver deux organisations françaises ici : l’Institut Française d’Extrême-Orient, et Le Centre Culturel de Français à Siem Reap. Le centre offre des cours en française, une bibliothèque, et un petit café. La patronne du petit café est une femme Cambodgienne très gentille, qui parle français très bien. Je parle avec elle et avec les autres touristes français quand je prends mon déjeuner là-bas, mais c’est toujours la même conversation.
« Vous allez habiter ici en Cambodge pendant deux ans ? C’est dur, n’est pas? »
« Oui, la vie ici est dure. »
Les conversations en Français à Siem Reap, Kampong, et Phnom Penh ont établi une vérité : Je cherche l’Indochine du passé , mais cette la contribution de France à Cambodge est très subtile. Le Cambodge francophone se trouve dans l’histoire du pays, et il n’est pas dans le présent. Le Maroc de l’Extrême-Orient n’existe pas.
Translation
Despite over a hundred years of French colonial rule, Cambodia is not a francophone country. This is not an opinion; this is a conclusion based on the observations and conversations I have gathered during the last seven months. Despite knowing the sad, recent history of this country, I had hoped to find something resembling the French influence in North Africa and Quebec. Sadly, the history of the region once known as French Indochina has suffered from a much more violent history than most other former colonies of France. This has largely destroyed any lingering presence of colonial influence. Vietnam fought a bloody revolution against the French, and then another war against the Americans. Cambodia suffered over thirty years of war between the armies of Lon Nol, the Khmer Rouge, the Vietnamese, and the present day government. During the years of genocide between 1975 and 1979, the forces of Pol Pot obliterated the educational system that was based on the French model by simply killing anyone who was involved in it. The regime exterminated almost every teacher, professor, or intellectual who was deemed to be an enemy of the peasant class. Those who spoke French quickly forgot that they did simply as a matter of survival. During our training period, the uncle in my host family said to me one day, “During the time of Pol Pot, I was an ignorant man. If anyone asked me if I could speak French, I would say no.” This was the reality during the years of terror.
Today, the younger generations of Cambodia have no memory of the French occupation or the Khmer Rouge. However, the legacy left by the French reveals itself in two ways. The first is an item that is a world famous staple of French cuisine: the baguette. Sometime during the French occupation, the colonial administrators taught the Cambodian people how to bake bread according to their preferred style. Today the baguette is an everyday item sold in markets across Cambodia. The little pieces of bread are not as delicious as those sold in Au Vieux Moulin (14ième arrondissement, rue Daguerre), for I am told that no yeast goes into their production. However, it is still a luxury to eat them over a cup of coffee in the early hours of the morning.
The other hint of the French occupation is more subtle than the first hint, and requires some knowledge of the Khmer language to understand it. In Khmer, the word barang literally means “French person,” but Cambodians use the word to describe any person with a white face. This means that any Australian, German, American, or English person can be classified as “French.” (Incidentally, the Persian word firengi also means French person, and is used in a similar way.) Whenever I bicycle through a small Cambodian village, the little children who see me scream, “Oooh ! Barang chi cong ! Barang Chi Cong !” (“Look! There’s a Frenchman who bicycling! A Bicycling Frenchman!”) There are other French words that the Khmer language has borrowed, but the word barang could be considered a permanent symbol of the French colonial presence here.
Meeting people, either Cambodians or foreigners, who speak French in this country is an extremely rare pleasure. The first time I met a Cambodian who spoke French, I was living in Kampong during our training period. I was doing my laundry in front of my host family’s house when an old, hobbling man in a military jacket approached me. He asked my host sister who this foreigner was before turning to me and asking, “Parlez-vous français monsieur?” I said that yes, I did speak French. “Oh,” he said, “I was in the French army in 1954.” With this, he continued walking down the road. Despite the brevity of this exchange, I was very surprised to talk to a man such as this. I wanted to continue talking to him, but I could see that he had hard time remembering what French he knew. Most Cambodians who still speak French are usually of a certain age, and they often have a hard time speaking it because it has been over thirty years since they have had the opportunity to use it.
When I want to visit the post office and eat a few dozen hamburgers, I leave my little village and head to the town of Siem Reap. According to the French author André Malroux, who traveled here in 1930, “this little town, situated in the province of the same name, is found some kilometers from the ruins of Angkor Wat.” Today, the town is no longer little. Rather, it has exploded into a hub of western civilization because of the tourist industry. Among the gigantic hotels and crowds of Korean tourists, two French institutions can be found here: The French Cultural Center , and the French Institute of the Extreme-Orient. The former is housed in a white building near the Siem Reap river, and offers French classes, a library, and a little restaurant aptly named, “Le Café.” The little Cambodian woman who runs it is very friendly, speaks French, and will encourage you to eat as many tartes citron as you can. Occasionally I speak with her and the French tourists who come there, but the conversation is always the same.
“Life in Cambodia is hard, is it not?”
“Yes, it is very hard.”
While I have looked here and in other parts of the country for the French Indochina of the past, the French colonial influence on this part of the world is very subtle. Francophone Cambodia is a truly a state of the past, not of the present, and the “Morocco of the Extreme-Orient” does not exist. This is perhaps for the best, for the Cambodian people already have a rich and ancient cultural heritage to draw on. I plan to visit Vietnam and Laos sometime, and I will be curious to see if I can find any French influence there as well.
Friday, February 13, 2009
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